A quoi ça me sert d'être con.ne(1) ?
Ne nous leurrons pas, chaque chose que nous faisons ou disons a un sens et même, encore plus : une utilité ! Encore l’homéostasie me direz-vous ! Oui ! Explications …
Soyons plus larges, il ne s’agit pas seulement d’être con.ne mais, plus largement, d’agir de telle façon que nous nous disions à nous-même que ce que nous faisons n’est pas la meilleure façon de faire : être lourd.e, plaisanter un peu trop, provoquer, remettre au lendemain, fumer, ne pas faire, … Je vous laisse faire votre propre liste. Nous savons que nous ne devrions pas et pourtant, nous le faisons. Très con non ?
Et bien non ! Non seulement ça n’est pas stupide mais en plus, cela vise un objectif très précis et le plus souvent atteint : ressembler à ce à quoi nous sommes censé.es ressembler. Tout part de notre apprentissage initial. On pourrait le dater à notre naissance et se dire que nous arrivons pur.es et vierges dans ce monde mais ce serait trop simple. Tout d’abord, chaque mère le sait, ce que nous vivons dans son ventre pendant les quelques mois où nous y logeons, commence déjà à nous impacter : les sons que nous entendons, le stress que nous ressentons, les aliments qu’elle nous transmet etc. nous disent déjà un peu ce qu’est le monde ou en tous cas, celui dans lequel nous n’allons pas tarder à débarquer. Donc, dès notre conception, nous sommes modelé.es. C’est tout ? Euh, non. Nous sommes, que nous le voulions ou non, les héritiers.ères de longues lignées qui nous transmettent leurs gènes, leur culture et leur histoire qui eux aussi contribuent à nous façonner. La science, par ailleurs, et singulièrement l’épigénétique, nous apprend que nous sommes porteurs de marqueurs, transmis par nos aïeux.eulles qui peuvent s’activer selon que notre environnement leur est favorable ou pas. La bonne nouvelle c’est que cette colonne d’héritage sur plusieurs siècles qui pèse sur nos épaules peut être modifiée. Nous avons le pouvoir d’activer ou pas voire même de désactiver ces marqueurs.
Mais revenons à nos moutons, en l’occurrence, notre connerie. Donc, à quoi ça me sert d’être con.ne : à être qui je suis censé.e être. Mais qui suis-je censé.e être me direz-vous ? Ma réponse : ce que l’on a fait de moi. Et là vous pourriez m’interroger à nouveau : « Qui est « on » ? » … mes parents, mes connaissances, mes profs, tout ceux.celles qui ont interagis avec moi et qui se sont fait une opinion de moi. « Gutton, vous êtes vraiment nul en maths » ou « Alain, tu es l’homme le plus gentil que je connaisse » (exemples fictifs n’ayant aucune similitude avec la réalité ;) ), dans les deux cas, les émetteur.trices de ces phrases s’attendent à ce que je sois ainsi, même si ils.elles me revoient 10 ans plus tard, ce faisant, ils.elles « m’interdisent » de changer. C’est qu’eux aussi ont leur homéostasie et qu’il n’y a, en l’occurrence, aucune raison de mettre à jour leur logiciel tant qu’ils ne me croisent pas à nouveau.
Mais nous ne sommes pas censés être seulement nul.les en maths ou gentil.les, nous sommes aussi en « devoir » de correspondre à des normes qui nous été inculquées : politesse, morale, éthique, religion, politique, j’en passe et des meilleures. Tout ce que nous pensons aujourd’hui est le fruit d’une construction influencée entre autres par notre propre volonté à nous y conformer simplement pour ne pas décevoir et être aimé.e même au prix, parfois, d’un oubli de nous-même … c’est que la pression de notre environnement est grande ! « Mais Alain, tu ne peux pas faire ça ! », « tu n’y arriveras jamais », et la pire de toutes … « je te connais ».
L’incompétence acquise … dans bien des domaines
Le « je te connais » (ou « je me connais ») est sans doute la pire des interdictions aux changements. Elle nous fige dans des comportements que nous n’avons peut-être plus, nous interdit les questionnements sur nous-mêmes et surtout, nous empêche de désirer autre chose. Imaginez : « je te connais, tu n’arriveras pas à arrêter de fumer » ou « tu ne sauras jamais parler en public » (vous pouvez remplacer par des phrases qui vous concernent) et patatra, votre volonté ou simplement votre envie est réduite à néant parce qu’une « figure d’autorité » vient de vous dire qu’elle vous connait ! Mais elle se fie à quoi ? A ce qu’elle connait de votre passé, à ce qu’elle imagine être dans votre tête et qui serait immuable ? Sauf que vous voulez changer et que cette personne, elle, projette sur vous son incapacité à le faire.
L’incompétence acquise est loin de se limiter à l’école et aux apprentissages théoriques, elle s’étend à tous les domaines de la vie et notamment aux relations. Car la relation avec autrui s’apprend aussi sûrement que les maths ou la plomberie. Quand nous arrivons au monde, nous sommes confrontés à un univers tout d’abord limité à notre famille et c’est cet univers qui nous enseigne comment la vie fonctionne dans tous les domaines. La plupart du temps, nous nous y conformons. Tout ce que cet univers a de con fabrique notre connerie (c’est pareil pour les belles choses heureusement) et nous la pérennisons simplement par loyauté, pour être accepté.e, aimé.e, pour ne pas en être rejeté.e et cet ainsi que si je suis con.ne, c’est pour ne pas (me) décevoir.
Cesser de l’être
Alors, comment faire pour arrêter d’être con.ne ? En acceptant de ne pas plaire, en acceptant d’être faible et pour ce qui me concerne, en interrogeant tout ce que j’ai appris sur moi-même : qui suis-je, est-ce que ça me convient ? “Oui”, je garde, “non”, je fais tout pour changer. Mais pour cela il faut entendre et accepter, il faut que lorsqu’on vous dit que vous êtes con.ne dans telle ou telle situation, plutôt que de vous révolter, vous vous disiez qu’il y a peut-être un fond de vérité et que vous en êtes responsable car in fine, on a pu vous mettre plein de choses dans la tête, lorsque vous en avez pris conscience, vous avez toujours le choix de les modifier. Il suffit d’un miroir et de le regarder avec le même sens critique que celui que vous exercez quand vous regardez l’autre et la même empathie qui vous fait espérer qu’il.elle peut changer.
Faites-le test : prenez un miroir, regardez-vous : en quoi êtes vous con.ne ? Et pensez à vous dire que cette “connerie” que vous voyez est là pour vous protéger, vous protéger du désamour, alors, soyez beinveillant.e avec elle, elle vous voulait du bien.
# Déshypnotisons-nous !
(1) Encore un titre « pute à clic » (prononcez « putaclic »), c’est un titre censé vous attirez pour que vous cliquiez dessus et alliez sur ma page. L’enjeu : que les pubs de la page en question s’affichent et génèrent des revenus (vous aurez noté que je n’ai pas de pub et que je ne mesure pas mon audience et que donc, dans mon cas, ça ne change rien). Vous comprenez bien que pour les media, ce genre de titre est un enjeu important, grâce à lui, ils vont gagner de l’argent. Le but n’est pas que vous lisiez l’article mais que les publicités apparaissent. C’est à cause de ce mécanisme que de plus en plus de textes sont générés par une IA : ils ne coûtent quasiment rien et vous font venir. Pour ce qui est de la vérité ou de l’intérêt réel, vous comprenez bien que c’est secondaire. Est-ce qu’on nous prendrait pour des con.nes ? C’est bien possible, mais nous l’acceptons en lisant ces articles