L’homéostasie ou le mental dans sa zone de confort

Souvent, il nous est dit que le rôle du mental est de nous protéger, vous n’êtes pas obligé.e.s de me croire, mais, à mon sens ça n’est pas tout à fait exact : le rôle du mental, c’est de protéger le statu quo, la zone de confort, l’homéostasie.

Qu’est-ce que l’homéostasie ?

Dit rapidement, on pourrait la définir comme l’équilibre mais, là encore, ce serait incomplet. En effet, c’est un brin plus complexe. En systémie elle est vue comme « la capacité d’un système à maintenir l’équilibre de son milieu intérieur, quelles que soient les contraintes externes ». Prenons un exemple : le système moi. Je suis composé (comme vous d’ailleurs) d’un ensemble de systèmes : nerveux, cardio-vasculaire, respiratoire, etc. Ces systèmes composent un plus grand système : moi.
Le but de tout système est de se maintenir dans un état satisfaisant pour vivre. Pour cela, je respire, je mange, je ris, je pleure, etc. en d’autres termes, je me régule. Ainsi, toutes les parties (physiques ou psychiques) qui me composent sont « satisfaites » (d’elles-mêmes et de l’ensemble constituant leur environnement) et contribuent à l’équilibre du tout. Malheureusement, l’air que je respire peut être polluée, la nourriture que je mange peut ne pas être adaptée et mon travail peut générer du stress. Si chacun de ces inconvénients est rare, le système va les gérer : un deuil par exemple (qui est habituellement plutôt rare) sera gérer par de la tristesse, des larmes, parfois de la colère pour permettre au système d’évacuer un événement perturbateur.
Mais, parfois, l’élément perturbateur se répète (un enfant par exemple qui est continuellement frappé par l’un de ses parents). Dans ce cas, le système, plutôt que d’évacuer, va considérer l’événement comme étant partie intégrante et « normale » de l’environnement et cherchera à trouver un équilibre en en tenant compte (et l’enfant va se « blinder » physiquement (prise de poids) ou psychiquement (froideur, distance)). Ainsi, le système « enfant » se maintiendra en vie malgré un environnement hostile.
Un autre exemple : le fumeur. La première cigarette perturbe le système (pulmonaire et cérébral au moins). Après quelques années de tabac, le système n’a d’autre choix que d’intégrer la cigarette comme faisant partie de l’environnement et va donc développer des stratégies pour se maintenir en équilibre : « j’ai besoin de la cigarette pour me sentir bien » (ce qui génère de l’addiction). Malheureusement, ces stratégies peuvent s’avérer inefficaces quand, par exemple, une partie du système est réellement lésée au profit d’une autre : les neuro-transmetteurs croient avoir besoin du tabac pour aller bien pendant que les poumons, trop stressés, développent un cancer.

Protection ou statu-quo ?

Mais alors, si le mental nous protège, pourquoi laisse-t-il « moi » se faire du mal (en fumant, en mangeant trop, etc.) ? Parce que ça fonctionne jusqu’à preuve du contraire ! Que ce soit l’enfant qui se fait frapper ou le fumeur invétéré, l’un et l’autre ont un point commun : ils sont en vie (et ce malgré un environnement négatif). Le mental le constate et comme ça marche, pourquoi changer une équipe qui gagne n’est-ce pas ?
C’est que le mental – selon moi – ne nous protège pas vraiment. En fait, il maintient le statu quo qui fonctionne et le risque est trop grand de changer. Si je fume c’est bien que la cigarette a remplacé une émotion vécue comme désagréable, si papa ou maman me tapent tout le temps et que les parents aiment les enfants, c’est bien que l’amour se concrétise par des coups.
Revenir à l’état initial ou changer d’état reviendrait à prendre le risque que les émotions désagréables reviennent ou que mes parents ne m’aiment pas et ça, ça n’est pas supportable.
Notre mental n’aime ni le changement ni les risques, ce qu’il aime, c’est le confort (un canapé, un bon film, une bière (projection !) et même éventuellement un chat qui ronronne sur nos genoux : de la sé-cu-ri-té (si vous avez bien suivi, vous noterez que la sécurité du système peut être constituée de la création constante d’insécurité comme par exemple un cascadeur qui aura besoin d’adrénaline : son canapé à lui, c’est le risque).

Mais alors, pourquoi changer ?

Il n’y a aucune raison de changer en effet, sauf quand une partie du système crie à la rébellion : le fumeur se met à tousser, son.sa conjoint.e trouve qu’il ne sent pas bon ou il commence à trouver que ça coûte cher, le.la compagnon.e de l’enfant devenu adulte lui explique que la violence n’est pas la solution … un caillou se met dans les rouages et dérègle la machine qui pourtant tournait aussi bien que possible. Parfois, cette rébellion prend la forme d’un burn-out, d’une dépression ou d’une maladie grave. Dans tous les cas, il s’agit d’un signal d’alarme (quand ils sont forts c’est bien souvent que nous n’avons pas entendu les précédents qui étaient plus discrets) qui nous dit qu’il y a un déséquilibre, que le système « moi » n’arrive plus à gérer (quand par exemple mon corps dit « oui » pendant que ma tête dit « non » ou l’inverse).

Et le système « moi » n’est pas constitué que de mes « sous-systèmes » (respiratoires, nerveux, etc.), il est aussi intégré dans des systèmes plus grands : la famille, le travail, les amis, la ville … tout influe sur le système et j’influe sur tous les systèmes qui me constituent. Si je change, tous ne pourront que changer, il n’y a pas le choix. C’est ainsi que la résistance au changement peut venir de l’intérieur (si je change de régime alimentaire, ma digestion va s’en voir modifier) et de l’extérieur (si l’enfant se redresse face à son père, celui-ci va lui aussi devoir changer).

Ainsi, pensez que votre mental fera très souvent tout son possible pour que vous ne changiez pas, sauf si c’est lui qui en décide ou si le danger est immédiat et évident (si vous faites la sieste et qu’un lion débarque, vous allez très vite vous réveillez même si c’était très agréable de se reposer). C’est pour cette raison que nous maintenons des situations qui pourraient apparaitre comme invraisemblables ou insupportables pour notre entourage, parce que dans notre modèle du monde, ces situations nous ont maintenu en vie (en “équilibre”) et que c’est bien là le principal, quel que soit le prix à payer.

Il y a donc un moment où nous devons prendre le contrôle, le vrai, celui de nos pensées et de la connaissance de soi pour chercher et trouver non pas le statu quo ou l’équilibre mais ce que j’appelle « l’alignement » avec nous-même. Chacun de nous cherche, consciemment ou pas, à être aligné avec lui.elle-même en permanence et cet alignement est totalement individuel, il n’y a ni bon ni mauvais “équilibre”, il y a seulement celui qui vous convient à un instant donné et celui-ci vous permettra d’en trouver un autre, l’instant d’après, qui vous conviendra mieux. C’est ainsi que l’on marche sur un chemin non ?

Rappelez-vous : « Nous ne sommes pas nos pensées »

# Déshynotisons-nous

NB : cet article n’engage que moi. Je vous invite à vous renseigner sur les notions qui y sont évoquées et les idées que je propose. C’est à vous de vous faire votre propre avis sur le sujet.

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