La projection ou nous-même sur grand écran

Cela fait longtemps que je me pose la question de la « projection », ce qu’elle est, quelle est son fonctionnement. Comme souvent me concernant, une réponse n’est pas venue des livres mais plutôt de ma propre expérience, des échanges avec vous et de la compréhension que j’en ai eu.

C’est quoi une projection ?

D’un point de vu théorique, le mécanisme de projection est assez simple : c’est le fait de plaquer nos émotions internes sur l’autre ou sur notre environnement. Exactement comme au cinéma : vous êtes le projecteur, l’autre est l’écran et vos émotions sont le film qui apparait sur l’écran. En gros, si vous êtes en colère (mais ne vous en rendez pas compte ou ne l’assumez pas), vous allez dire à votre interlocuteur.trice « mais, pourquoi es-tu en colère ? » et lui ou elle, surpris.e, voire agacé.e vous renverra un « mais, je ne suis pas du tout en colère ! » et c’est ainsi que commencera une chamaillerie sur le simple sujet du “suis-je en colère ou pas”.

Qu’est-ce qu’une émotion ?

Nous savons tous ce que c’est : la joie, la colère, le dégoût, la peur, la surprise et la tristesse sont les 6 émotions de base, il y a 1000 articles à ce sujet, je vous laisse les consulter si cela vous intéresse. Selon moi, l’émotion est un lien. Un lien entre passé et présent, entre corps et esprit, entre le moi d’ici et de maintenant et le moi d’ailleurs et d’autre part. L’émotion nous rappelle à nous-même, elle nous dit qui nous sommes et nous invite à le comprendre. Un peu comme une petite lumière qui nous dirait “eh ! Je suis là, je suis aussi fais de cela, regarde, écoute, prends-en soin !”.

Lorsque nous faisons une projection, c’est en en général parce que nous n’avons pas conscience de notre émotion, elle passe, elle est là, mais, pour différentes raisons qui sont individuelles, nous ne lui prêtons pas attention ou nous la refusons, nous l’ignorons volontairement. Comme l’émotion n’en est pas moins présente, il nous faut la gérer d’une manière ou d’une autre et c’est là que nous la plaquons sur notre interlocuteur.trice afin – peut-être – de la voir, comme si l’émotion en question s’affichait devant nos yeux tel un film sur un écran pour que nous ne la rations pas (cf. “La couleur de mes yeux ou comment je ne me vois pas”). Hélas, la plupart du temps, cela ne fonctionne pas : nous nous contentons de l’imaginer sur l’autre et de l’en blâmer (d’où, en partie, la théorie de la communication non violente (CNV)).

Une autre (très bonne) raison de projeter est la peur. La peur de ne pas savoir, de ne pas comprendre, la peur de l’inconnu. Votre interlocuteur.trice fait une moue, a un silence, à cet instant, vous ne savez pas ce qu’il.elle pense et cet absence de sens vient titiller notre mental assoiffé de raisons. Pour remplir ce vide, nous cherchons des explications et interprétons. Où allons-nous chercher ? Dans notre base de données personnelle (dans nos connaissances et nos expériences) et les plaquons sur l’autre. C’est une bonne explication mais la plupart elle est fausse puisque nous nous projeté.es sur l’autre. Nos explications ne parlent que d’une chose : de nous-même.

L’écran est vraiment grand !

Le mécanisme de la projection ne s’arrête pas là, il est bien plus vaste car nous projetons en permanence, le plus souvent à notre insu. Regardez autour de vous : votre appartement, votre animal de compagnie, votre voiture, votre travail, chacun d’eux sont plus ou moins des projections de vos émotions et de qui vous êtes, regardez en quoi ils parlent de vous, de vous profondément. Prenez un peu de recul et imaginez-vous être un étranger rentrant chez vous : que pourrait-il raconter de la personne qui a fait la décoration ou même qui a choisi cet appartement ou cette maison, qui a décidé de laisser la télévision allumée sur cette chaîne ou de ne pas avoir de télévision, qui a posé là ce tableau sombre ou clair, qui a éduqué ce chien qui aboie ou ce chat qui ronronne. Cet article ne déroge pas à la règle, il est lui aussi une projection de même que ce “blog” et ce site ainsi bien sûr que ma façon de travailler. En fait, au risque de heurter certains, selon moi, la question n’est pas de savoir quand nous projetons (nous le faisons en permanence) mais … ce que nous projetons : nos peurs et nos colères, ou notre joie et notre amour ? Grâce à la projection, nous créons notre environnement et, bien plus loin, notre réalité du monde en y affichant sur grand écran notre monde intérieur. Tout est projection, tout le temps, sauf à ce que nous en prenions conscience.

gnothi seauton … Connais-toi toi-même

Pour ce qui me concerne, tout passe par la prise de conscience, c’est la clé de la connaissance de soi, de la liberté et, plus tard, de l’autonomie de la pensée. Pour éviter de projeter ou pour projeter du positif, il serait sans doute utile de connaître nos émotions, leur mécanisme, comment elles nous lient à notre passé, pourquoi elles sont toujours vivaces et enfin, comment les apaiser. Ainsi, nous en aurions conscience, éviterions de les afficher sur l’autre comme une étiquette qui ne vient que de nous et ne chercherions pas à appliquer à l’autre nos propres blessures et peurs. Nous serions en paix avec nous-même et ceux qui nous entourent.

Bien sûr, pour cela, parfois il faut être accompagné.e ou avoir appris à le faire et c’est à la portée de chacun.e. Mais, une fois ces liens compris et acceptés, une fois réparée notre distance avec nos nœuds dans le ventre ou dans la gorge, alors nous parvenons à une paix intérieure et bien que nous continuerions parfois de projeter, le film sur l’écran ne serait plus fait de peur, de tristesse et d’émotions incomprises mais de paix, de joie et de confiance.

Changez vos émotions et vous changerez vos projections, changez vos projections et vous changerez le monde qui s’affiche devant vous. Changez le monde qui s’affiche devant vous et tout changera.

Chacun de nous devrait être éduqué aux techniques de base de l’hypnose, dans mon « travail », je transmets ce que je peux pour nous rendre plus autonomes vis-à-vis de nos parts d’ombre et ainsi les rendre lumineuses à nous-mêmes.

Allez, pour finir, je vous propose un petit exercice :

  1. Prenez un bout de papier et un crayon,
  2. Pensez à quelqu’un de votre entourage qui vous agace,
  3. Ecrivez les raisons pour lesquelles cette personne vous agace,
    Ça y est ? Attendez d’avoir écrit toutes les raisons pour lire la suite.

# Déshypnotisons-nous

Vous avez fini ? Vous pouvez aussi tricher et aller à la fin sans faire l’exercice. Ou alors, vous pouvez le faire correctement pour qu’il soit plus utile.

Allez, disons que vous avez fini et qu’après tout, vous pouvez tricher ou pas, finalement, c’est entre vous et vous n’est-ce pas ?

Maintenant, regardez la liste que vous avez écrite, elle parle des défauts que vous voyez en vous n’est-ce pas ? Voilà, c’est ça une projection : faire porter à l’autre nos caractéristiques émotionnelles : défauts, peurs, blessures, etc. :) (pensez-y, nous projetons aussi nos qualités sur les gens que nous aimons :))

#désypnotisons-nous

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La faiblesse est-elle une force ?