La couleur de mes yeux ou comment je ne me vois pas

Ça peut ressembler à une évidence mais la seule personne qui ne peut pas connaître la couleur de mes yeux … c’est moi. De même que la seule personne qui ne peut pas voir mon dos, c’est encore moi.

J’entends déjà les petit.es malin.es qui objectent qu’on peut très bien les voir avec un miroir. Et ils ont raison. Et c’est précisément pour cela que nous avons besoin des autres : pour être nos miroirs. Que ce soit pour voir et nous dire de quelle couleur sont nos yeux (« le miroir de l’âme ») et notre dos (notre ombre). Sans les autres, nous ne pouvons pas nous connaître vraiment.

L’homme de paille

Il existe pourtant une technique qui, si elle a ses limites, peut nous aider à faire mieux connaissance avec nous-même. Elle repose sur un principe vieux comme la psychologie : la dissociation. Il s’agit en fait de faire comme si nous sortions de nous-même pour nous regarder comme si nous étions une autre personne. On peut le faire par la simple imagination mais, pour mieux leurrer le mental, une petite mise en scène peut être utile. Asseyez-vous sur une chaise et mettez-en une vide en face de vous. Regarder l’autre chaise comme si un.e autre vous y était assis.e.

Avant de continuer vous pouvez le.la (l’autre vous-même) faire exister le plus possible : imaginez la manière dont il.elle est habillé.e, comment il.elle est assis.e, quel est son âge (il.elle n’a pas nécessairement le même que vous), comment il.elle est coiffé.e, etc. Imaginons maintenant qu’une situation quelconque vous énerve et que vous ne compreniez pas pourquoi. (Au début, je vous conseille d’engager un dialogue neutre (bonjour, comment vas-tu, etc.) afin d’installer la relation et de vous permettre de rentrer dans le jeu), puis, vous pouvez passer aux questions importantes : regardez l’autre, et, le plus simplement du monde, demandez-lui.elle si il.elle sait pourquoi cette situation l’énerve. Une fois la question posée, levez-vous et prenez sa place (en prenant la position que vous aviez imaginée), et regardez-le.la vous depuis la première chaise comme si il y était. Puis, le plus simplement du monde … répondez lui. Revenez à votre première place et réagissez à sa réponse comme vous le sentez, et ainsi de suite.

Avec ce petit exercice, l’autre devient vous-même (ce qui se passe en permanence dans la vie sans que nous en ayons conscience) et vous offre un miroir qui vous aidera à voir vos parts d’ombre et de lumière.

« L’homme de paille » peut être très efficace si l’on joue le jeu de répondre instantanément, sans réfléchir mais le « vrai » miroir, c’est l’autre. Bien qu’il.elle éveille des émotions chez nous, je crois important de l’entendre en faisant confiance à ses remarques. Ce que dit l’autre de nous est bien souvent bien plus instructif que ce que nous connaissons de nous-même et nous fait bien souvent avancer à grands pas si nous arrivons à accepter les remarques et surtout à noter les émotions suscitées par ces remarques. Si l’autre est un miroir, sachons nous en servir comme tel, sans lui reprocher d’être un miroir, la plupart du temps, il n’y peut rien, c’est juste nous qui nous projetons sur lui.

# Déshypnotisons-nous

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