Transgénérationnel : baratin new-age ?

Il y a quelques décennies, ceux.celles qui évoquaient le « transgénérationnel » étaient pris au mieux pour de gentils hyppies au pire pour des charlatans. La médecine bien sûr mais aussi l’opinion publique en riaient gentiment ou les condamnaient sévèrement.

Il n’en reste pas moins qu’un business s’est créé autour de cette notion comme autour de tout ce qui touche au « bien-être » les uns cherchant à le développer, les autres à le mettre au ban des médecines sérieuses. Comme pour tout, il convient de séparer le grain de l’ivraie.

Dans les années 2000 est apparue la notion d’épigénétique et elle a tout changé. L’épigénétique, malheureusement pour les détracteurs du transgénérationnel est tout ce qu’il y a de plus scientifique. Voici ce qu’en dit Wikipedia : « L’épigénétique est la discipline de la biologie qui étudie la nature des mécanismes modifiant de manière réversible, transmissible (lors des divisions cellulaires) et adaptative l’expression des gènes sans en changer la séquence nucléotidique (ADN) ». Autour de chaque gène, il existe une « coque » (d’où le préfixe « épi ») qui est influencée par l’environnement et influence le gène. Celui-ci contient un certain nombre d’informations et de capacités qui vont être activées ou pas selon notre environnement, il va donc s’en trouver modifié et donc modifier notre ADN (vous savez, ce truc qui fait que nous sommes ce que nous sommes et dont on dit qu’il « programme » toute notre vie, le truc en somme qui ferait que nous serions victimes de nos gènes) et tout ça, juste un beau jour, parce que notre environnement s’est modifié (1). En effet, nous parlons bien d’un gène qui se modifie uniquement parce que nous vivons une situation qui active cette modification créant pour nous un avant et un après, nous ne sommes littéralement plus les mêmes.

L’ADN ne change pas, il active ou pas ses capacités

La découverte des mécanismes épigénétiques ont tout d’un coup fait basculer le charlatanisme du côté de la science et, qui plus est, par la grande porte. Nous le savions depuis longtemps, notre ADN est un héritage, celui transmis par notre père et notre mère, c’est lui qui fait par exemple que je leur ressemble physiquement. Jusqu’alors, on considérait que la ressemblance s’arrêtait au physique et que s’il y avait une ressemblance psychique, elle était transmise par l’éducation. Ce qui bien sûr est vrai mais … pas seulement. Notre psyché est aussi influencée par nos gènes, eux-mêmes transmis par nos parents. De là à dire qu’un fils d’assassin deviendra un assassin lui-même, il n’y a qu’un pas que certains hauts responsables ont franchis allègrement mais un peu vite (ils devaient avoir le gène de l’urgence). En effet, si les gènes nous sont transmis (de façon transgénérationnelle) l’épigénétique nous apprend aussi qu’ils sont activés ou pas suivant notre environnement et la façon dont nous l’appréhendons (bonne nouvelle pour les enfants d’assassins).

Revenons à la définition de Wikipédia : « réversible », « transmissible » et « adaptative ». Intéressons-nous plus particulièrement aux mots réversible et adaptative. Notre psyché et notre corps s’adaptent à leur environnement. Ça pourrait ne pas être un scoop puisque nous avons tous.tes constaté que nous ne sommes pas le.la même avec notre patron.ne et avec nos enfants, cependant, il ne s’agit pas seulement de caractère ou de comportement mais bien d’activation de telle ou telle caractéristique d’un gène qui va donc influencer de nombreuses fonctions tant physiques que psychologiques et créer ou supprimer tel ou tel déséquilibre. Pourquoi allez-vous voir un thérapeute ? Parce que vous ressentez un déséquilibre non ?

« Réversible » … ça, c’est la très bonne nouvelle ! Un gène qui s’est activé un jour et qui a fait que nous avons peur des araignées peut être désactivé. Comment ? En changeant l’environnement. Vous me direz que quand on habite à la campagne changer d’environnement pour ne plus avoir d’araignées c’est impossible, de même que si vous ne supportez plus le bruit et que vous habitez en centre-ville, ça n’est pas toujours aisé de déménager … et vous aurez absolument raison. C’est oublié un peu vite que l’environnement n’est pas seulement extérieur. En effet, l’environnement, c’est aussi l’histoire que vous vous racontez (consciemment ou pas) à son propos.

Restons sur les araignées : si vous en avez peur, c’est que, d’une façon ou d’une autre, vous associez à ces petites bêtes des capacités de nuisance totalement disproportionnées par rapport à celles qu’elles ont réellement (à part quelques mygales mais a priori, si vous me lisez, vous devez en croiser relativement peu n’est-ce pas ?). Vous « imaginez » qu’elles peuvent vous tuer bien qu’intellectuellement vous sachiez qu’elles ne vous feront rien. Mais c’est comme ça, vous en avez peur. C’est comme si, dans votre cerveau, le mot « araignée » était entouré par des flots d’histoires toutes plus inquiétantes les unes que les autres et empêchant votre logique d’atteindre le mot pour lui redonner une signification plus apaisée. C’est cet environnement que vous pouvez changer, c’est l’histoire qui est associée à araignée. En changeant cet environnement, non seulement votre regard sur ces petites bêtes va changer mais en plus vous transmettrez aux générations suivantes, des gènes plus « apaisés » eux aussi.

L’araignée est un exemple simple mais je vous invite à vous demander quelles expériences on peut ainsi transmettre génétiquement, comment, à notre insu, nous véhiculons notre propres peurs et traumas. Et voilà comment le transgénérationnel devient une science mais surtout, comment on peut, assez facilement, mettre fin à des transmissions qui durent depuis des lustres pour peu que l’on en ait conscience.

Pensons-y sérieusement, au delà même du transgénérationnel, ce que nous dit l’épigénétique c’est que nos gènes ne nous commandent pas, c’est nous qui commandons nos gènes. Ils s’activent ou pas en fonction de notre environnement et donc de l’histoire que nous nous racontons sur cet environnement … les conséquences sont prodigieuses sur l’impact qu’a sur nos vies notre façon de voir ce qui nous entoure ou nous a entouré.

L’hypnose fait bien entendu partie des techniques qui peuvent nous aider à désactiver des mécanismes dont nous ne sommes pas les créateurs et ainsi faire cesser des héritages plus ou moins lourds. C’est ainsi que les secrets de famille contribuent souvent à faire perdurer telle ou telle difficulté en nous empêchant de prendre conscience de ce qui nous habite. C’est ainsi que pour moi, le principal outil pour sortir de notre « état d’hypnose » est la parole, c’est en cela que chacun de nous est son meilleur thérapeute en osant parler vraiment, en acceptant d’écouter vraiment et en faisant cela avec les autres mais aussi avec soi-même, sans se mentir autant que faire se peut.

# Déshypnotisons-nous

(1) N’étant pas scientifique et ayant ma propre compréhension de ce domaine très pointu, je vous invite à vous faire une opinion plus personnelle et mieux documentée en vous renseignant de votre côté.

Article suivant →

Dieu et Karpman