Faites le test : la conscientisation
Je suis tombé ce matin sur une émission de radio qui nous proposait, pour aller mieux, de commencer par « conscientiser ». Cependant, à moins que je n’aie pas été suffisamment attentif, ils ont oublié de nous dire comment on faisait pour « conscientiser », permettez-moi de tenter de combler ce manque.
De la même manière que notre garagiste nous parle de piston ou de bielles tout en trouvant qu’ils.elles sont très clair.es, les spécialistes de la psychologie, avancent parfois des concepts qui, pour eux.elles, sont limpides et ils.elles pensent donc que ça l’est pour tout le monde. Si le mot conscientiser n’est en effet pas très compliqué, la manière de le mettre en œuvre, à l’instar du « lâcher-prise », me semble mériter quelques clés.
Conscientiser au cas où
Afin de nous assurer que nous parlons bien de la même chose, autorisez-moi ce petit rappel sur ce qu’est « conscientiser » : imaginez une mare, comme toute étendue d’eau naturelle, au fond, il y a de la vase. Cette vase est globalement stagnante, aucun mouvement ou presque ne vient la perturber : ni vent, ni courant, ni poisson ou oiseau qui viennent la remuer ainsi que cela se passe à la surface qui elle, est plus ou moins agitée avant que le calme ne revienne. La vase pourrait être comparée à notre inconscient : un lieu où les choses semblent plus figées et que surtout : on ne voit pas, il est tout au fond, invisible, apparemment sans mouvements. Conscientiser c’est faire remonter la vase à la surface : la voir, se rendre compte qu’elle était là, au fond, que malgré son apparence inerte, toute la vie vient de là. Chacune des choses qui apparaissent à la surface ont une part de leur origine dans cette vase. Et une fois que l’on a vu sa vase, on ne peut plus l’ignorer, il n’y a pas de marche arrière. Si vous ne voulez pas voir le fond de votre mare personnelle, ne lisez pas la suite de cet article, sinon, vous avez vu « votre » vase, maintenant, que voulez-vous en faire ?
Comment faire remonter la vase ?
Dans cette fameuse mare, normalement, la vase n’a pas de raison de s’agiter et, encore moins de remonter à la surface. Pour que cela advienne, il faut qu’un animal aille fouiller dedans, qu’on balance un « pavé dans la mare » ou qu’il y ait une très grosse tempête à la surface. Et bien pour nous, c’est pareil : il faut une intervention extérieure, j’ai nommé : « l’autre ». C’est dans l’interaction que l’on peut prendre conscience, autrement dit : conscientiser.
Un petit coup de main des projections
Les fameuses « projections » sont des alliées fidèles de la conscientisation. 1ère façon d’opérer : la critique. Imaginons que quelqu’un vous critique (ce qui doit être rare, je n’en doute pas). A priori, votre réaction va être de vous en défendre voire de le.la critiquer en retour. Maintenant, prenez un peu de recul, laissez les émotions se tasser et posez-vous cette question : « comment ai-je fait pour provoquer cette critique ? ». En y réfléchissant, 9 fois sur 10 vous trouverez une raison et vous constaterez qu’au moins en partie, il.elle était légitime en vous faisant cette remarque. En trouvant la raison qui a tout déclenché, vous avez conscientiser ce que vous faites et êtes maintenant à même de le changer ou pas.
2ème façon d’opérer : les gens qui vous agacent. Pensez à quelqu’un qui vous agace et notez pourquoi il.elle vous fait éprouver ce sentiment (il peut y avoir plusieurs raisons). La bonne nouvelle – bien qu’elle n’en ait pas l’air - c’est que tout ce que vous avez noté parle de vous : vous le.la trouver radin.e, possessif.ve, trop bavard.e … ça parle de vous, ce sont vos projections. Là encore, si vous avez l’honnêteté de le reconnaître, vous avez conscientisé ce que vous faites et là encore, vous êtes libre de le changer ou pas.
3ème façon d’apparaitre à vous-même : « l’homme de paille ». Il s’agit d’une technique et elle nécessite un peu d’entrainement mais, rassurez-vous, ça vient vite. Asseyez-vous sur une chaise (ou n’importe quoi, vous pouvez même rester debout). Imaginez que face à vous, sur une autre chaise (ou debout), il y a un.e autre vous. Commencez, parce que vous êtes bien élevé.e, par lui dire bonjour. Là, il faut jouer le jeu, déplacez-vous pour prendre sa place et répondez à ce « bonjour » en regardant la place où vous étiez précédemment, comme si vous répondiez au premier, répondez sans réfléchir, ce qui vous vient. Bien sûr la réponse peut être un simple bonjour courtois mais elle peut aussi être un « va te faire voir ». Maintenant, continuez le dialogue en pensant à systématiquement à changer de place – c’est important. Bien sûr, il est plus utile de concentrer la conversation sur un sujet précis comme par exemple « pourquoi je perds mes moyens quand je parle en public ? » et vous pouvez poser à l’autre la question telle qu’elle, écoutez la réponse, soyez curieux.euse, acceptez tout ce qui vient (c’est essentiel) et interrogez-le.là jusqu’à ce qu’il.elle vous donne des explications qui vous parlent.
L’autre c’est vous
L’autre qu’il soit un être humain, un animal ou même un objet n’est que le reflet de ce que vous lui prêtez comme qualité ou défaut. La preuve, un.e autre que vous lui trouvera d’autres qualités ou défauts. « Toute vie véritable est rencontre » affirmait le philosophe Martin Buber ; pour vivre pleinement, il faut se rencontrer et pour se rencontrer, il faut un miroir, seul ce miroir peut vous montrer … et ce miroir, c’est l’autre.
Il existe d’autres manières de conscientiser, la plus simple étant le moment où, tout d’un coup, on « se rend compte », comme par magie. Votre manière à vous est singulière et tant mieux si elle marche et vous pouvez la partager autour de vous car conscientiser est bien souvent la première marche pour changer et mieux devenir soi-même, libre de nos déterminismes, de nos peurs, de nos souvenirs pesants. Libres tout simplement.