La fin de l'égoïsme

Vous l’avez sans doute remarqué, l’égoïsme existe toujours … malheureusement peut-être. Mais de quel égoïsme parlons-nous ? Celui qui pousse à pédaler des heures durant devant un miroir, à prendre la dernière part de tarte sans demander si quelqu’un voudrait la partager ou celui qui nous pousse à prendre (vraiment) soin de nous en vu de pouvoir donner le meilleur de nous-même ?

Je ne l’ai jamais vérifié mais on m’a longtemps dit que la première obligation contractuelle d’une hôtesse de l’air dans un avion était de se mettre en sécurité. Pourquoi ? Parce qu’une hôtesse de l’air morte est beaucoup moins utile pour aider les passagers.
L’égoïsme, dans ce cas, est vital. Est-ce si rare ? Quand vous allez chez le médecin parce que vous êtes malade, quand vous allez voir un thérapeute parce que vous ne vous sentez pas bien, n’est-ce pas de l’égoïsme ?
Observons les mots. Selon le Larousse, l’égoïsme est « L’attachement excessif porté à soi-même et à ses intérêts, au mépris des intérêts des autres ». C’est un fait … cependant, comment porté de l’intérêt aux autres si je n’en porte pas un minimum à moi-même ? Comment élever convenablement un enfant si je ne prends pas soin de moi ?

La dualité

Avant d’aller plus loin, je vous propose de nous intéresser à la dualité, pierre angulaire de la philosophie occidentale, chaque mot à son opposé : l’égoïsme en l’occurrence, s’oppose à l’altruisme. Selon moi, la dualité n’oppose pas 2 mots mais 2 sens d’un même mot. Regardez l’ombre bienfaisante sous un arbre en été, la lumière y est moins présente, mais elle n’en n’est pas moins là. De même, ce que nous appelons la nuit, n’est-ce pas plutôt l’absence de lumière. Le soleil brille toujours n’est-ce pas ? C’est simplement qu’on ne le voit pas. Et s’il en était de même de l’amour, cette force que nous connaissons tous, tournée vers nous-même (« égoïsme ») ou vers les autres (« altruisme »). Parfois elle nous manque n’est-ce pas ? Mais, est-ce parce que l’amour est absent, remplacé par la haine ou, plus simplement parce que nous ne le voyons pas, caché qu’il serait par nos peurs ou nos angoisses ? Ce qui différencie deux sens d’un même mot selon moi, sa “dualité”, c’est l’intention qui le porte.

L’intention : l’éclairage du sens

Si il y a bien une notion dont je continue de rechercher la profondeur c’est bien celle de l’intention. Au sens du dictionnaire, tout le monde comprend aisément ce dont il s’agit, mais le Larousse ne me suffit pas. En effet, quelle est l’intention d’une mère ou d’un père qui tient son enfant lors de ses premiers pas : la peur qu’il tombe ou l’envie de lui apprendre à marcher ? Que fait vraiment un parent qui gronde son enfant après qu’il a fait une bêtise dangereuse : transmet-il.elle sa peur ou ses règles de savoir-vivre ? Quelle est mon intention quand je bois une troisième bière avec mes amis ? Me désaltérer ou me désinhiber ? L’intention pose sans doute la question au cœur de ce blog : à quel point sommes-nous conditionnés (Cf. par exemple la catégorie “marketing” de ce blog) et à quel point pouvons-nous d’une part en prendre conscience et d’autre part accepter l’effort nécessaire pour sortir de cet « état d’hypnose » individuel ou collectif ?

L’intention, se cache dans les détails. Les parents qui tiennent leur enfant peuvent à la fois avoir peur et vouloir transmettre mais quel est leur moteur principal ? Ils sont seuls à pouvoir le savoir et malgré les apparences ils ont déjà la réponse, même si ils n’en ont pas conscience. Prêtez-y vraiment attention, quand vous faîtes quelque-chose, n’y a-t-il pas une (toute) petite voix qui vous dit « oui » ou « non », une micro-pensée à laquelle, bien souvent nous ne prêtons aucune attention tellement elle est fugace ? Nous ne l’entendons pas (ou l’ignorons) et nous continuons sur notre lancée, l’intention était pourtant là, sous nos yeux. Ma croyance, c’est que pour entendre cette petite voix, il faut en avoir conscience, pour cela, il faut tout d’abord s’écouter (et ça n’est pas aussi évident que cela en a l’air :) ) mais il faut aussi être informé.e, comment faire un reproche à quelqu’un.e qui ne mange que de la mal-bouffe si il.elle n’est pas informé.e que c’en est ? Comment considérer alors que son intention était « mauvaise » ?

Revenons à l’égoïsme et à sa « fin ». Le mot égoïsme est devenu négatif, longtemps, on lui a préféré celui « d’individualisme » qui passait mieux (mot qui à son tour devient négatif). Mais, comment serions-nous vivant.es sans « égoïsme », comment pourrions-nous être attentif.ves à ce qui nous entoure sans égoïsme ? L’ego (qui lui aussi a mauvaise presse) est avant tout notre moteur de survie, celui qui fait que chaque matin je suis encore là pour m’émerveiller d’y être, c’est lui qui me maintient en vie aussi sûrement que manger, respirer et dormir. Alors, que veux-je faire de cet ego, le nourrir à mon seul profit ou lui donner ce dont il a besoin pour que je puisse donner le meilleur de moi-même à mes proches, mes collègues voire à la société ?

L’égoïsme n’est certainement pas un mal en soi, c’est lui qui nous permet de nous rendre compte que nous n’allons pas bien et lui qui nous indique de nous soigner, en cela, c’est lui qui fait que nous sommes notre premier thérapeute (au sens étymologique du terme : prendre soin) . Si chacun de nous accepte d’être égoïste en explorant les intentions qui le guide, il est probable que l’altruisme y gagnera. Écouter la voix de l’intention, cette micro pensée, tellement fugace, tellement rapide, que la plupart du temps (si on ne s’y entraine pas), nous ne l’entendons pas (ou faisons comme si nous ne l’entendions pas, parce souvent, elle vient nous déranger dans nos habitudes), écouter ce qu’elle dit quand nous donnons une pièce à ce SDF : « je l’aide à survivre » ou « ça me fait du bien à moi ». Je crois que nous avons le droit, peut-être même le devoir de nous faire du bien, mais pas au détriment d’autrui ou de nous-même : se mentir à soi, ça n’est pas se faire du bien, c’est se faire croire que nous sommes quelqu’un d’autre et donc nier qui nous sommes. Peut-on être heureux en se niant ?
Alors, la prochaine fois que vous pensez ou que l’on vous dit que vous êtes égoïste, peut-être faudra-t-il commencer par interroger le mot pour ne pas s’y laisser piéger.

Quelle est l’intention de cet article ? Transmettre ou convaincre, partager ou affirmer ? Je vais interroger ma (toute) petite voix ? ;)

# Déshypnotisons-nous

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