La cinquième vague

Un jour, dans la salle d’attente de mon dentiste. Je pense au fait que Descartes aurait dû écrire « je pense donc je est ». Ma voisine tente d’ordonner les applications de son téléphone en se plaignant d’en avoir trop. Sa fille, jeune ado, lui propose de l’aider. « Non je vais le faire répond-elle ». Puis très vite « ah zut ils ont changé le système pour faire des groupes ». Sa fille créée alors un groupe « voyage » en un simple geste. Comment as-tu écrit « voyage » ? « Je ne sais pas ça s’est écrit tout seul ».
Puis sa fille : « Snap ça va dans réseaux sociaux »

A quoi ai-je assisté ? A un échantillon de “la 5e vague”. C’est un film, un film de science-fiction très quelconque ou les extra-terrestres utilisent nos enfants pour les leurrer et détruire les humains adultes encore un peu éduqués.

Cette scène dans cette salle d’attente c’est une femme qui, sous le prétexte de simplifier sa vie la complique à loisir et, pire, est mise en échec permanent devant les mises à jour qui réduisent à néant ses quelques connaissances du système. Ce faisant, elle se construit elle-même et lentement une identité d’idiote à ses propres yeux ! Pour combler le tableau, c’est sa fille - d’aucun diront qu’elle est maline - qui lui explique « la vie » en lui donnant les solutions pour que tout soit simple, pour qu’elle n’ait plus à se poser de question, qu’elle soit parfaitement rassurée dans un monde digitalisé et propre ou tout est sous contrôle … Le sien pense t’elle ! Ses doigts maîtrisent tout …

Mais si son téléphone venait à casser, ses doigts trembleraient de panique, elle se sentirait perdue dans un monde fait de chair et d’os qu’elle quitte progressivement, lentement, sans même s’en apercevoir, prise dans une agréable et longue anesthésie hypnotique !

Réveillons-nous ! Au nom de la sécurité et de la simplicité on nous fabrique un monde où nous avons peur de tout, nos peurs sont augmentées par la diminution de notre débrouillardise, nous transférons tous nos moyens a des machines sans rien voir ! Sous le prétexte de nous aider à écrire correctement, on invente le correcteur d’orthographe qui … nous fait oublier les règles de grammaire de base. Pour nous faire voyager plus vite et mieux, on inclue des GPS qui … affaiblissent notre sens de l’orientation, pour nous rassurer de ce qui se passe chez nous en notre absence, on nous crée une appli qui filme notre salon et … nous la consultons anxieux toutes les 5 minutes augmentant notre stress … les exemples sont légion !

Réveillons-nous ! Prenons conscience de l’aiguille plantée dans notre bras qui nous endort souriants et béats. Cessons d’être déterminés, programmés, calculés.

La mise en échec est un mécanisme sournois : celui qui nous dit que nous avons tort se rend, par la même indispensable : c’est lui qui sait. Il ne s’agit pas de condamner tous les professeurs et formateurs bien entendu. Il s’agit de pointer un excès : si votre téléphone vous met tout le temps en échec, il se rend tout le temps indispensable, que diriez-vous d’un prof de math, d’un patron ou d’un gouvernement qui se rendrait en permanence indispensable ?

Réapprenons à vivre libres et heureux, déshypnotisons nous … un peu et reprenons (un peu) nos vies en mains !

#déshypnotisons-nous

← Article précédant

On a les défauts de ses qualités

Article suivant →

Hauts Potentiels et traumas