l'inné, l'acquis et ... c'est tout ?

En psychologie et depuis bien plus longtemps en philosophie, on nous explique que nous sommes le produit d’un mélange savant entre caractères innés, souvent associés à l’hérédité et caractères acquis, fruits de notre environnement, mais personnellement, il me manque une dimension que je crois fondamentale.

Dans les sphères psychologiques et philosophiques, le débat fait rage : qu’est ce qui est inné, qu’est ce qui est acquis, même la grammaire et le langage alimentent ce débat, certain comme Noam Chomsky, affirmant qu’elle est innée ce qui est au moins contrintuitif. Je ne veux pas ici alimenter ce débat d’autant que je n’en ai pas les capacités, mais je m’interroge.

A l’instar de certains auteurs et de certaines thérapies, je note que ce que l’on appelle « inné » est au moins partiellement le fruit des apprentissages de mes aïeux.aïeulles (c’est aussi ce que nous apprend l’épigénétique). Ils.elles se sont trouvé.es un jour face à une situation nouvelle, ont pris une décision qui leur a été bénéfique et l’ont transmise, c’est ainsi que nous sommes tou.tes le produit des meilleures décisions passées. C’est donc « inné » pour nous mais c’était acquis pour nos grands-parents.

L’acquis quant à lui a une frontière bien trouble. En effet, combien de fratries voient naître des différences énormes entre ses membres alors que tout dans leur éducation et leur environnement est identique ? Combien de jumeaux.elles, sont différent.es émotionnellement ou psychologiquement alors même que tout devait les rassembler.

Mais mon propos n’est pas là, qu’il s’agisse d’inné ou d’acquis, tout le monde s’accorde sur le fait que l’un vient plutôt de la génétique, qu’il est là sans que nous ne demandions rien, que c’est le bagage que nous devrons nous trimbaler toute notre vie et nous en contenter quitte à en plus subir des maladies. L’autre (l’acquis) est le fruit de notre environnement, de notre éducation, bref, de ce que ce qui nous entoure, là encore, nous n’y pouvons pas grand-chose, c’est le « là où nous sommes » qui détermine l’autre partie de qui nous finissons pas être.

Il ne vous manque rien ?

Qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, nous paraissons être les marionnettes de ce qui nous a précédé ou de ce qui nous entoure, les fils sont tirés et nous naviguons au mieux dans cette vie avec ce qu’elle fait de et pour nous. Je voudrais introduire une 3ème dimension qui, si elle est imaginée par certain.e n’est pas (ou très rarement) explicitement dite, en tout cas pas dans ce que j’ai lu sur le sujet et surtout pas suggérée par les mots « inné » ou « acquis » : le choisi, ce qui fait que nous avons la capacité de nous changer nous-même.

Qui que je sois, il est indéniable que je suis né dans une famille aisée ou pauvre, dans un pays en guerre ou en paix, il est évident que j’ai une couleur de peau, des facilités dans certaines matières et des difficultés dans d’autres et que par rapport à tout cela, je ne peux a priori rien, sauf si je choisis par exemple de travailler là où j’ai des difficultés (ou si je suis Michael Jackson). On me dira : « oui, mais cette capacité de choisir, cette volonté de travailler, elles aussi font partie de ce qui a été déterminé par ma naissance ou par mon environnement ! » et on aura raison … mais pas que !

A mon sens, il existe un moment où, sans mettre en branle des qualités particulières, on se regarde attentivement. Dans ces moments, il y a pour chacun.e de nous l’opportunité de se juger de façon objective et bienveillante mais surtout franche. De ces moments, sortent des décisions du type « j’arrête de fumer », « je vais voir un psy » ou « je démissionne ». Ce qui 5 minutes auparavant était inimaginable et nous plongeait dans le vide de la peur, nous semble évident. Quelle partie de nous a basculé pour faire devenir l’inacceptable acceptable et plus encore, quelle partie a décidé de dire désormais « oui » ou « non » en dépit de que nous pensions à l’instant d’avant ? Qui a choisi ?

Dans la manière que j’ai de comprendre inné et acquis, tout vient de l’extérieur et pourtant, parfois, nous choisissons pleinement non ? Comment changerions-nous sinon ? Comment déciderions-nous de changer la route toute tracée que nous suivions aveuglément depuis tant d’années ? Nous pouvons aussi nous révolter, choisir de faire autrement que ce qui nous a été assigné, c’est peut-être là la différence entre l’humain et les autres règnes : la capacité de choisir pour le meilleur ou pour le pire, d’aller dans une direction ou une autre, en d’autres termes, de prendre nos responsabilités en cessant d’incriminer notre naissance, notre environnement ou les épreuves que nous avons traversées. Je peux être né avec une cuillère d’argent dans la bouche et être le dernier des abrutis de même que l’inverse, mais il y a un moment, où j’ai le choix de me regarder dans la glace, d’écouter mon entourage qui me fait sentir que je me conduis mal dans telle ou telle situation, je peux voir qui je suis et me demander si cela me convient. Certes, ça n’est pas nécessairement facile ne serait-ce que de prendre le temps pour cela, mais c’est possible pour chacun.e de nous non ? Quand notre entourage nous dit 10 fois « tu bois trop », nous avons le choix de l’entendre ou de faire les sourd.es, c’est un choix. Faire la sourde oreille est souvent un élan inconscient qui s’appuie – pour le coup – sur plein de notions innées ou acquises mais entendre est un choix conscient qui vient en opposition avec la « ligne droite » que nous suivons.

Sortir de cette ligne n’est souvent pas simple, car faire ce choix entre – à cet instant – en contradiction totale avec ce que nous sommes ou croyons que nous sommes, avec ce qui nous agit (mes gênes, mes parents, mon milieu social) ou simplement nos habitudes. Le.la fautif.ve sait, la plupart du temps, qu’il.elle commet une faute et pourtant il.elle fait le choix de persévérer alors qu’il.elle pourrait faire un choix inverse mais cela demande plus d’efforts.

L’hypnose n’est pas de la magie

On peut cesser de fumer ou démissionner, mais on peut aussi changer bien plus profondément, ne serait-ce que par les conséquences de ces « petits » changements, mais pas seulement. Quand vous entrez un état modifié de conscience (avec l’hypnose, la méditation ou d’autres techniques), vous accédez à des parties de vous que vous ignorez en temps normal, c’est le fait d’entrer en contact avec elles qui vous permet de changer, parfois radicalement. Rien n’est inventé, rien n’est imposé, vous avez seulement accès à de nouvelles informations qui étaient « cachées » mais pas absentes et ce sont ces informations qui vous permettent de décider, de choisir autrement. L’inconscient devient simplement conscient.
Il y a selon moi l’inné, l’acquis et le choisi et ce « choisi » est - entre autres - ce qui fait que nous devenons un peu plus nous-même. Malheureusement, bien souvent, ce que nous appelons le « choisi » n’est que le produit de réflexes plus ou moins inconscients, innés ou acquis … Le « vrai » choisi se fait en pleine conscience de la route sur laquelle nous sommes et celle sur laquelle nous voulons aller. Pour cela, il est sans doute nécessaire d’accepter de se connaître soi-même ce qui nécessite une attention constante à nous-même.

En somme, il y a l’inné qui nous dit d’aller à gauche, l’acquis qui parfois nous dit d’aller à droite l’un comme l’autre nous disent d’être leur personnage, un rôle que nous sommes censés jouer, et nous-même qui décidons d’aller à droite ou à gauche persuadé par l’un ou l’autre. L’enjeu est – peut-être – de donner de plus en plus de place à celui.celle qui n’est ni le personnage de l’un ni celui de l’autre et qui apprend à se décider en se libérant de ces deux influenceurs pour créer son propre chemin conscient :
« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front, … » (extrait de « If » Rudyard Kippling)

Et vous, vous choisissez d’être qui ?

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