C'est quoi l'environnement ?

Derrière une question qui pourrait sembler simple, il y a selon moi une réponse qui mène à un réel changement de point de vue sur nous-même et le monde qui nous entoure. L’environnement nous détermine mais c’est quoi exactement ?

Depuis quelques décennies, l’épigénétique a révolutionné la médecine (au moins une partie). En effet, la science a découvert qu’autour de nos brins d’ADN (l’ADN détermine qui nous sommes), il y a une sorte d’enveloppe qui a le pouvoir d’agir sur les marqueurs présents dans l’ADN. En effet, cette enveloppe active ou n’active pas telle ou telle séquence. Un peu comme si, pour faire une analogie avec votre smartphone, vous aviez des applications qui sont actives ou pas suivant qui vous êtes et là ou comment vous vivez.

Cette enveloppe « décide » d’activer telle ou telle applications en fonction de votre environnement, il est donc absolument fondamental puisque c’est en fonction de ce qu’il est que votre ADN (votre identité) sera déterminé et « agira » sur vous. Serai-je paresseux, dépressif, jaloux, alcoolique ou ambitieux, tout cela sera décidé en fonction de votre environnement.

Rappel : votre ADN est le fruit d’un héritage, celui de vos aïeux. Il est autant constitué par les générations éloignées qui vous ont précédées que par vos parents ou grands-parents. Ce qu’ils ont vécu (physiquement et psychologiquement) est imprimé en vous aussi sûrement que les lettres qui forment des phrases dans un livre, l’histoire qui se raconte en vous est ce qui fait ce que vous êtes.

Chacun.e de nous est donc un livre dans lequel nos prédécesseurs.euses ont écrits des phrases qui font de nous ce que nous sommes. Mais, toutes les phrases ne sont pas activées (lisibles). Si par exemple vos parents ont vécu la guerre et en ont tirés la notion de privation, elle sera inscrite dans votre ADN mais par forcément activée. Si votre environnement est propice à devoir réagir à la privation, alors, votre historique fera que l’histoire familiale s’activera en vous et générera des comportements liés à l’apprentissage de vos parents quant à la privation.

« Je suis le capitaine de mon âme »

On a tendance à considérer que l’environnement c’est ce qui nous entoure, ce qui est extérieur à nous : la ville ou la campagne, des parents aimants ou lointains, un milieu sécurisant ou stressant, etc. C’est absolument exact. Mais il ne s’arrête pas là. Mon environnement premier c’est moi-même et les histoires que je me raconte sur moi-même : ce que je crois à propos de moi.

Mandela disait : « je suis le capitaine de mon âme », il ne connaissait vraisemblablement pas à l’époque l’épigénétique mais il avait tellement raison ! En effet, en décidant de croire telle ou telle chose, nous créons notre propre environnement intérieur et extérieur. Prenons un exemple : si je crois en Dieu, au paradis et à la vie éternelle, j’aurais un rapport à la mort différent de celui de mon voisin qui est athée. Dès lors, j’aurai aussi un rapport à la maladie et à mon corps qui sera différent. Je créé donc une partie de mon environnement psychologique ce qui influe directement sur … mon ADN. De même, si vous pensez que vous êtes dépressif.ve ou malchanceux.euse, bon.ne en maths ou nul.le en bricolage, vous participez à créer votre environnement, influencez l’enveloppe épigénétique et changez votre ADN … rien de moins ! Et je suis personnellement convaincu que cela n’influence pas seulement notre psychologie mais aussi, notre corps.

Je sui le.la créteur.trice de mon environnement

On adulait ou moquait la « pensée positive », pourtant, à n’en pas douter, l’idée que j’ai de moi-même créée une partie de moi-même. Certes, il ne suffit pas de penser que je suis beau.belle pour le devenir mais clairement en me voyant comme moche (vision totalement subjective) j’active une relation à l’autre différente que si je me trouve sexy. Il ne s’agit donc pas de modifier mon apparence à coups de mantras positifs mais plutôt de changer l’idée que j’ai de mon apparence, et par conséquent, mon attitude liée à cette apparence. Si je me crois moche ou inintéressant.e, je ne draguerai pas ou pas de la même manière, me privant de trouver un.e compagne, et c’est bien à cause – entre autres - de cette croyance que je resterai célibataire : mon environnement interne influe sur mon environnement externe et vice versa.

L’interaction constante entre les environnements qui me constituent ou m’entourent est loin d’être neutre surtout quand l’on sait qu’elle est, la plupart du temps, totalement inconsciente et elle-même régie par mes expériences passées et le plus souvent oubliées. Si j’ai appris qu’en ayant 17 à un contrôle je ne satisfaisais pas mes parents j’aurai un rapport à la réussite, aux maths, aux notes ou même au fait de communiquer mes résultats différent de celui.celle qui aura été encensé.e par ses géniteurs au même contrôle en ayant seulement obtenu 15. Ce rapport, comme le fait de faire du vélo et comme n’importe quel apprentissage deviendra lentement inconscient et répétable d’autant plus facilement qu’il échappe à ma volonté consciente. Ne nous y trompons pas, ces environnements agissent sur nous comme autant d’hypnotiseurs.euses dont nous pouvons nous extraire. Au risque de me répéter, je crois, qui plus est, que notre rapport à nous-même et aux autres, influençant notre ADN, il contribue à façonner aussi notre physique (et pas seulement l’apparence).

Si l’environnement est le plus souvent entendu comme extérieur à nous, nous contribuons grandement à le modifier par la manière dont nous construisons notre environnement intérieur. Celui-ci est constitué de nos pensées, conscientes ou pas, de nos émotions et de la manière dont nous les appréhendons (je n’ai pas écrit « gérons »), de la manière dont nous nous parlons à nous-mêmes, mais aussi de la manière que nous avons de nous nourrir et de construire notre flore intestinale. Il y a bien plus grand que l’extérieur et c’est l’intérieur. L’écologie commence par soi-même alors, prenons soin de nous-même si nous voulons que l’extérieur fasse de même.

# Déshypnotisons-nous

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